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lundi 28 décembre 2015

Les écrivains sont des profs... en mieux !

J'ai toujours été nulle en histoire et en géographie. En tout cas, celles des livres scolaires. Effectivement, voyez-vous, il me faut vivre les choses pour qu'elles se fixent dans mon esprit. Autrement dit, ma capacité d'abstraction est quasiment inexistante. Dès lors, on conçoit bien qu'il peut être effectivement ardu de mémoriser les dates de batailles du 16e siècle ou le tracé des frontières de pays lointains. Les meilleurs profs peineront toujours à faire « vivre » à leurs élèves la bataille de Waterloo ou à leur faire visualiser l'immensité de la muraille de Chine sur une feuille de papier.  

Ce sont pourtant ces mêmes feuilles de papier, mais remplies cette fois-ci des mots d'écrivains de talent qui me permettent d'appréhender le monde. À travers des personnages plus vrais que nature, je me glisse dans des contrées éloignées en des temps révolus et je suis au beau milieu de l'action, de sensations et de questionnements qui laissent en moi des traces indélébiles. Je deviens alors excellente en histoire et géographie ! Si seulement j'avais eu conscience de cela lors des mes courtes études !!! Mais bon, mieux vaut tard que jamais comme on dit souvent.


C'est au Congo, au moment où il hésitait à s'appeler Zaïre, que la grande Barbara Kingsolver m'a emportée dernièrement. J'ai découvert l'horreur des actes de barbarie commis à cette époque en même temps que le talent de cette écrivaine à décrire avec minutie et humanité des moments troubles et incompris (ou volontairement oubliés?) du reste du monde.  

Aux côtés des quatre filles Price, de leur parents et des habitants de Kilanga, j'ai appris mes leçons à propos de Patrice Lumumba, de Mobutu, de Léopold II, de la malaria et des « mains coupées ». 

Je sors transformée de cette lecture, encore plus consciente qu'avant de l'aberrante volonté de domination de nations sur d'autres, du risible et destructeur désir « d'éduquer » certains peuples jugés inférieurs par d'autres qui se croient supérieurs, du mensonge véhiculé par les images renvoyées par de soi-disant observateurs.

Tout dans ce livre mérite l'attention du lecteur jusqu'à son titre. Pensant qu'il s'agissait d'un clin d'oeil à la nature grandiose de l'Afrique, j'ai appris qu'il faisait plutôt référence à ces yeux que les membres d'une religion ont sans cesse l'impression d'avoir sur eux, même au milieu de la jungle, ces yeux dans les arbres qui ont tout de ceux d'un Big Brother.

Je n'oublierai jamais cette lecture, je n'oublierai jamais cette leçon. Je relirai assurément Kingsolver dont on me dit dans mon entourage que ce livre-ci est son plus mauvais !!!! Mazette, que seront les autres ?!?!?!   

Par le passé, certains autres livres m'avaient ainsi servi de professeurs d'histoire et géographie. Parmi eux, nommons :

*Catfish de Maurice Pommier au sujet de l'esclavage aux États-Unis; 


*Le temps où nous chantions de Richard Powers concernant le mouvement des droits civique aux États-Unis;

*Après la mousson de Selina Sen qui nous fait revivre l'assassinat d'Indira Gandhi en 1984 à New Delhi;


Et tant d'autres encore...

L'écriture de ce billet a fait naître en moi une petite question qui depuis me trotte en tête... les écrivains étant des profs... en mieux, ne devraient-ils pas être rémunérés comme tels ?
 








lundi 7 décembre 2015

L'islam, le djihad et tout le bataclan !

Que de questions se posent lorsque l'on pense au monde arabe, que de mystères demeurent lorsque l'on évoque l'islam.

Une fois encore, je crois que c'est au travers de diverses lectures que l'on peut tenter de mieux comprendre le passé et le présent d'une religion fascinante, l'histoire et l'avenir d'une culture riche et multiple.

Voici quelques ouvrages dont les auteurs ont oeuvré en ce sens.

Je commence ici par le dernier que j'ai lu : Le sang des cailloux de Pierre Laflamme.  



Le roman de Pierre Laflamme est à mettre entre toutes les mains.
Porté par une écriture efficace et une structure entraînante, ce livre apporte, en toute impartialité, des réponses aux nombreuses questions soulevées par l'islamisme qui trop souvent devient synonyme de terrorisme.

Pourquoi et comment les jeunes gens se laissent-ils séduire par le djihad ?
Quel rôle jouent les gouvernements des pays arabes ?
Qui facilite le trafic d'armes à feu et d'explosifs ?
Quelles entités peuvent intervenir pour tenter d'enrayer l'escalade de la violence ?

Reposant sur un phénoménal travail de recherche, ce livre est un guide qui permet de découvrir et de mieux comprendre des peuples dont les croyances et les traditions sont ébranlées entraînant de cruels déchirements pour leurs membres.

Une réflexion poussée, la description de sensations humaines très précises ainsi qu'une grande sensibilité se dégagent de ce texte faisant de ce livre un outil essentiel pour tout citoyen du monde actuel. Au présent, ce livre peut aider à mieux se comprendre, dans l'avenir, il sera le témoin d'une époque.

Sans jamais devenir moraliste, l'auteur nous rappelle finalement que l'essentiel, en tout temps et en toutes circonstances, est d'avoir l'esprit alerte. Ainsi, notre capacité de jugement et d'analyse demeure intacte limitant les endoctrinements néfastes et les passions destructrices.

Une lecture dont la récente actualité nous rappelle l'urgence.

Juste avant cela, afin de mieux comprendre comment au cours de l'histoire, certaines régions du monde avaient été le théâtre de conquêtes territoriales et religieuses sanglantes, j'avais lu Les prince andalous d'Elisabeth Gauvreau. J'en parlerai dans un prochain numéro du webzine auquel je collabore : La Recrue du Mois. 

Je ne peux terminer cet article sans mentionner Neige d'Orhan Pamuk, une lecture ardue qui offre au lecteur (qui persiste à la poursuivre) ce sentiment confus et persistant qui habite ceux qui sont sur le point d'être entraînés dans un mouvement religieux puissant qui crée confusion de l'esprit et peur des sentiments. Je vous en parlais ici, ici et ici.

Ainsi donc, en prenant connaissance d'éléments historiques, de procédés visant à profiter des faiblesses humaines et de systèmes parallèles avides de pouvoir et d'argent, l'on peut mieux cerner pourquoi de telles tueries ont lieu, qui elles servent et peut-être commencer à imaginer des solutions pour les enrayer. Peut-être.

mercredi 18 novembre 2015

Des livres qui parlent de livres qui parlent de livres qui parlent de livres...

La lecture occupant une immense place dans ma vie, lorsqu'un livre parle lui-même de livres, d'écriture, de lecture, je suis enchantée. J'ai donc décidé de recenser ici aujourd'hui quelques livres qui parlent de livres et que j'ai eu le bonheur de lire. 

Cette idée m'est venue en raison de ma lecture actuelle, le manga de Umiharu Shinohara Le maître des livres.


J'aime énormément cette série qui se penche subtilement sur tous les aspects liés au livre et à la lecture. Ainsi, au fil des chapitres, il peut être question du rapport existant entre les bibliothèques et les librairies (concurrence ou complémentarité ?), des débuts d'un auteur jeunesse, de la façon dont insidieusement la lecture peut parfois nous couper de ceux qui nous entourent, du financement d'un bibliothèque privée, de la manière dont certaines lectures nous éclairent sur des situations vécues et peuvent nous aider à prendre des décisions.   

C'est fascinant et je dévore chaque nouveau volume !

De plus, de nombreuses références de livres sont mentionnées et reprises en fin d'ouvrage. Il s'agit donc d'une lecture qui va assurément en appeler beaucoup d'autres. Je me réjouis à l'avance ! 

Dans un tout autre registre, j'ai lu dans le cadre de ma collaboration au webzine littéraire La Recrue du Mois, le livre de Jean Dumont Les lectures terminales. 



Je vous invite à prendre connaissance de mon billet ici.

Pour terminer, impossible de parler de livres qui parlent de livres sans évoquer Les Carnets de Cerise, tome 2 - Le Livre d'Hector lu il y a quelques temps et que j'avais beaucoup apprécié. 

Si d'autres titres de livres parlant de livres vous viennent à l'esprit, n'hésitez pas à m'en faire part, c'est mon pêché mignon ! 

mercredi 4 novembre 2015

Hyperréalisme littéraire

Je suis bien consciente que le lien entre le livre de Susan Fletcher 
« Les reflets d'argent » 


et celui de Virginia Woolf 
« Mrs Dalloway » 

peut de prime abord surprendre.  

Pourtant, dans des styles effectivement très différents, ces deux auteures parviennent à exprimer la réalité des sentiments, des sensations, des perceptions avec une acuité rare que je choisis d'appeler hyperréalisme littéraire. 


La première, par ce procédé, propose un livre extrêmement touchant en nous plongeant au coeur des relations entre les personnages dont nous pouvons presque sentir le souffle mêlé à celui de la mer omniprésente. 

La seconde, usant elle aussi de descriptions extrêmement précises de ces instants qui mis bout à bout forment nos vies, offre un livre tourmenté, habité par des états d'âmes fragiles de personnes  hypersensibles. 

Deux atmosphères presque diamétralement opposées ressortent de ces deux livres : la première finalement apaisante, la seconde déstabilisante.  

Plus que de longs discours, j'ai choisi aujourd'hui de retenir deux extraits illustrant ce que je tente bien maladroitement d'exprimer ici. Les voici.

Un moment de pause et de songe chez Susan Fletcher 

Tabitha regarde la mer. Elle regarde la mer et se sent triste. Par le passé, elle espéra et espéra – mais à quoi bon ? Il n’y avait rien à faire. L’infirmière au parfum de miel prenait sa queue-de-cheval à deux mains – une moitié dans chaque main – et tirait dessus, la partageant en deux moitiés pour tendre le bandeau qui les attachait, et Tabitha en était réduite à la regarder faire, avant de quitter la salle en faisant couiner ses chaussures. Encore aujourd’hui, elle en souffre. Elle voit cette queue-de-cheval avec la même clarté, et ces chaussures aux semelles de caoutchouc chantent encore. Je suis infirmière, se dit Tabitha – mais dans son cas, rien ne sert d’avaler une cuillère de sirop, ou de mettre une pilule sur la langue. Il y a le corps et il y a l’esprit, et ce sont des choses différentes. Quel cœur peut-il être commandé ? Celui de Tabitha ne le peut. Le cœur de l’autre infirmière ne pouvait être dévié de son cours, ou de sa nature. C’est la faute à pas de chance – qu’y avait-il d’autre à dire ? Le cœur échappe à tout contrôle. Il est têtu, optimiste, merveilleux.
Même l’Homme-poisson ne peut rien pour moi dans ce cas. Elle sourit.


Un moment de pause et de songe chez Virginia Woolf

La fumée onctueuse, sans âcreté, du cigare vint lui caresser et lui rafraîchir la gorge; il la fit ressortir en anneaux qui se maintinrent résolument dans l'air un instant; bleus, circulaires - je tâcherai de trouver l'occasion de lui dire un mot en privé ce soir, se dit-il - puis s'étranglèrent en forme de sablier, et s'effilochèrent. Ils prennent de drôles de formes, se dit-il. Soudain il ferma les yeux, leva sa main avec effort, et jeta son cigare par le gros bout. Une sorte de plumeau vint balayer son cerveau, entraînant sur son passage des branches agitées, des voix d'enfants, des bruissements de pas, des gens qui passaient, le bourdonnement de la circulation qui croissait et décroissait. Il s'enfonça, de plus en plus profond, dans le duvet et les plumes du sommeil, s'enfonça, et finit par être complètement enfoui.







lundi 26 octobre 2015

Étiquettes et petits a priori


Les clichés, les préjugés, les idées toutes faites, voici le sujet que je choisis d'aborder aujourd'hui ici. C'est le deuxième opus de Marianne Lévy : Dress Code et petits secrets – L'aventure américaine qui me l'a soufflé. 


Et là, première étiquette, premier préjugé : Quoi ? Elle lit des livres « comme ça » ?!?!?! (Rires) J'adore jouer avec les étiquettes et passer de Virginia Woolfe (ma dernière lecture – Mrs Dalloway) à Capucine et ses copines à la conquête de l'Amérique ! 

Je vous arrête tout de suite avant que ne se forme dans votre esprit un second a priori relatif à la prétention de la personne qui rédige l'article que vous commencez à lire : nulle leçon de morale ou jugement quelconque ici puisque je m'implique TOTALEMENT dans le groupe des poseuses et poseurs d'étiquettes. 

C'est justement tout ce mécanisme de critique et d'image qu'explore avec humour et grande précision Marianne Lévy. Son analyse sociologique demeure aussi lucide et acérée que dans le premier volume de ce qui, je l'espère, est en train de devenir une série. C'est un régal!

Mais, ce n'est pas tout. Un autre aspect de ce livre a su venir me charmer : le thème du premier roman qui vient s'entremêler à la tournée américaine du blogue Chic et aux histoires de cœur de Capucine, héroïne aussi farfelue qu'attachante. 

Le premier roman… voici un autre domaine au sein duquel les a priori et les étiquettes fleurissent  abondamment. Étant moi-même rédactrice pour un webzine mettant en lumière les premières œuvres littéraires québécoises, il va de soi que les difficultés rencontrées par les écrivains (confirmés ou en herbe) présents dans DCPS2 m'ont ramenée aux œuvres lues dernièrement dans le cadre de ma collaboration au webzine susmentionné. 

Chez les primo-romanciers, le thème de la difficulté à donner naissance à un premier livre est souvent traité et de manières multiples :


Mais, j'avoue que c'est la première fois je crois que je le retrouve ainsi dans une (pseudo) comédie romantique. Excellente idée qui permet de démystifier un peu les choses.

Pour terminer (avant de vous laisser découvrir par vous-même quelle étiquette vous souhaitez apposer sur le livre de Marianne Lévy ;-) ), je veux mentionner les nouvelles technologies omniprésentes dans le livre et dans la vie de Capucine. Cette dernière en sera, bien malgré elle, privée durant quelques heures… survivra-t-elle à ce sevrage forcé ? Et vous ? Et moi ? Quelle serait notre réaction en pareille situation ?

La maxime centrale du premier tome de DCPS était empruntée à Nietzsche et invitait le lecteur à « devenir celui qu'il est ». Ici, l'on cherche maintenant à « Écouter. Observer. Ressentir. Vibrer. » . Bref, RA-LEN-TIR… au moins un peu, de temps en temps.

Oui, définitivement, j'aime énormément la manière dont Marianne Lévy, l'air de rien, nous permet au fil des pages de revenir à l'essentiel. 

Sans complexe, je lui colle une étiquette : Auteure à suivre !

jeudi 15 octobre 2015

Enracinement, déracinement

Le livre d’Aline Apostolska m’a beaucoup touchée; il y est question d’immigration, d’adoption, d’intégration et de filiation. L’auteure aborde ces sujets sensibles de manière frontale, sans détour, sans faux-semblants et exprime les véritables ressentis de ses personnages sans se soucier d’être ou de ne pas être politiquement correct. 

C’est à travers trois générations que se déroulent ces migrations entre le Vietnam, le Québec et les États-Unis.

Il y a tout d’abord les parents quittant le Vietnam en 1975 à qui l’on confie un enfant qui n’est pas le leur. Immigration, adoption et intégration dans un nouveau pays se font alors simultanément. Dans un tel tourbillon d’émotions et de défis à relever, les valeurs essentielles sont les seules bouées auxquelles se raccrocher. Pour Kim et Tien, ce sont la bonté et la bienveillance envers leurs enfants et l’acceptation de leurs statuts respectifs avec le moins possible de regrets et de rancœur puisqu’ils se reconnaissent, malgré tout, privilégiés. 

Puis, il y a Mark/Chung, le fils adoptif (qui n’est plus désormais le seul enfant du couple). À l’image de ses parents, il a gagné sa place dans la société et vit de manière aisée, est aimé de sa famille, respecté dans son travail et fortement lié à sa femme qui deviendra sous peu la mère de son enfant. Tout va bien! Pourquoi dès lors fouiller le passé? Il n’en éprouve personnellement pas le besoin. 

Sa mère adoptive par contre tient à lui faire part d’éléments légués par sa mère biologique afin, pour elle, d’aller jusqu’au bout de sa démarche avant de mourir. La future mère de son enfant, au moment d’ajouter un nouveau maillon à la chaîne généalogique, souhaite également que la lumière soit faite sur ce mystérieux passé. Elle veut ainsi que d’éventuelles blessures soient pansées et que tout soit clair pour chacun afin d’établir des fondations solides sous les pieds du nouveau-né, sans zones d’ombre. 

Mark/Chung n’a donc pas le choix de regarder en arrière, malgré lui. Nulles révélations inattendues ici, ni grands dévoilements de secrets enfouis, non, juste la confrontation avec ce qui nous habite par-delà les années et les frontières : notre identité. 

Avec cette lecture, je participe au challenge « Un mot, des titres » chez Aperto Libro.


Sur le thème du déracinement, je vous invite également, si ce n'est déjà fait, à lire « La petite fille de Monsieur Linh » de Philippe Claudel.

Et sur celui de l'identité, je veux partager avec vous ici ce que disent à ce propos Martine et Philippe Delerm dans leur très beau livre : « Fragiles » :





  « Je n'aime pas cette question que je me pose. 
Je voudrais aimer la réponse, seulement. 
Entre les miroirs, seuls les autres me voient. 
Alors je fuis, je vis, je me sens libre, je m'oublie. 
Les autres me reconnaissent, et ne me connaissent pas. 
Je reviens au miroir. 
Je crois quelquefois me connaître - et je ne me reconnais pas. »

lundi 21 septembre 2015

Lointaine Asie, pourtant si proche

Voici une autre des vertus magiques de la littérature : nous permettre de voyager et « d'habiter » des pays dans lesquels nous ne sommes jamais allés et n'irons peut-être jamais.

Aujourd'hui, mon regard se tourne vers l'Asie avec, tout d'abord, un livre que m'a suggéré Maurine et que nous avons lu ensemble :





Je n’en croyais pas mes yeux, quand j’ai vu ce qui luttait contre les mauvaises herbes pour gagner sa part de soleil : une pousse verte toute nouvelle, émergeant d’un amas de racines noircies, et qui portait déjà neuf de ces feuilles aromatiques si facilement reconnaissables. J’en ai pincé une pour être bien sûre, qui m’a laissé sur les doigts cette odeur de gingembre.


J'ai choisi de partager avec vous la citation ci-dessus, car elle me semble être la parfaite métaphore de l'ensemble de ce très beau livre.

En effet, dans ce que j'ai envie d'appeler un « Autant en emporte le vent oriental », nous suivons Mary depuis son départ d'Écosse pour la Chine alors qu'elle a 20 ans jusqu'à son retour du Japon quelques décennies plus tard. Plusieurs fois, la vie lui imposera de prendre de nouveaux départs, de pousser les décombres du passé pour tenter de (re)trouver le goût de vivre.

Au-delà du récit romanesque de ce destin hors du commun, il est donné au lecteur de découvrir les cultures asiatiques d'un point de vue privilégié : de l'intérieur. En occupant différents statuts depuis celui de femme de militaire jusqu'à celui de gestionnaire d'entreprise en pleine croissance, Mary évolue dans un monde qu'elle apprivoise peu à peu. À ce titre, par exemple, la découverte et l'explication des diverses formes de salutations japonaises sont absolument fascinantes.

Toutefois, il apparait clairement que, malgré une intégration pleinement réussie, Mary demeure une « étrangère » et sera contrainte de quitter le pays en raison de cela.

D'une grande densité et assez volumineux, ce roman se lit pourtant très facilement au fil des pages du journal de Mary au ton léger devenant un peu plus mature à chaque nouvel événement vécu.

Enfin, « Une odeur de gingembre » permet de revisiter l'histoire orientale (et mondiale) de la première moitié du 20ième siècle depuis la révolte des boxers jusqu'à l'attaque de Pearl Harbor de manière claire et « palpable ».

Une excellente lecture donc de multiples points de vue. Merci Maurine !






Je profite de ce billet pour vous rappeler d'autre lectures qui ont ce même pouvoir d'immersion au sein d'une culture éloignée de la nôtre, mais que nous parvenons à saisir cependant grâce au talent de ces écrivains et illustateurs.


Pearl Buck tout d'abord bien sûr, qui est selon moi incontournable lorsqu'il est question de l'Asie, avec : « Pivoine » et « Vent d'Est, Vent d'Ouest », entre autres. 

                                         


Et puis le talentueux Benjamin Lacombe lorsqu'il revisite « Les amants papillon » ou « Madame Butterfly ». Je ne me lasse ni d'entendre cette musique, ni de tourner les pages de ces albums.



                                                     
                                      



Par ailleurs, pour les amateurs de bande-dessinées et de mangas, deux très beaux titres : « Les enfants de l'ombre » et  les deux tomes de « Quartier lointain » repérés chez Kidae.    

Bons voyages ! 

mardi 8 septembre 2015

Pureté Inuit

C'est aujourd'hui dans le grand nord que je vous invite, à la rencontre de paysages habités par un peuple qui leur ressemble : rudes et fragiles à la fois, oubliés malgré leur immensité.

Afin d'entrer progressivement en contact avec l'histoire et les traditions de ces populations du Grand Nord, la lecture du livre de Jorn Riel « Le jour avant le lendemain» me semble être un très bon choix.     

En refermant ce livre, vous serez sans doute tentée comme je l'ai été de visionner le film qu'il a inspiré : 


N'hésitez pas, c'est un merveilleux film (à la fois fiction et documentaire) réalisé par un collectif de femmes Inuit : Arnait  Vidéo Productions (le site est en anglais).

Pour s'approcher encore plus près de cette culture des grands espaces et de ces gens d'une bienveillance extrême, si touchants dans leur innocence presque enfantine, ignorants des maux de la société humaine et vierges de toute contamination de l'esprit (l'action du film se déroule aux environs de 1840), le lecteur peut lire  « Ikuma, carnet de tournage » paru chez Mémoire d'encrier.

Ce document est magnifique et nous permet de pénétrer dans l'intimité des membres de l'équipe et de « sentir » à quel point ce film ne vaut pas tant par ce qu'il est que par la manière dont il a été créé. « Ikuma » est un livre-témoin de la volonté de ne pas oublier, ni les événements historiques, ni aucun être sur cette planète. Les illustrations sont superbes. 





Et pour que les enfants puissent eux aussi participer à ce grand voyage, je souhaite mentionner ici la BD de Béka & Marko intitulée « La conteuse des glaces » qui constitue le troisième volet de la collection Géo BD après  « Les enfants de l'ombre » et « Le crochet à nuages ».

Je trouve cette collection toujours aussi réussie, l'information donnée est très précise et documentée, les dessins sont superbes et la poésie toujours présente.


Ici aussi un rôle essentiel est joué par les grands-parents et, en même temps que la découverte du peuple Inuit et de ses coutumes, ce livre rend hommage à la tradition orale et au personnage du conteur, passeur indispensable à la survie d'une culture.
Un très beau livre selon moi, ce qui a également été confirmé par JJ et Théo qui, tous deux, sont tombés sous son charme.