http://austintoutvabien.blogspot.ca/http://lesjardinsdua.blogspot.ca/p/ete_5.html http://leslecturesdua.blogspot.ca/p/lectures.html http://leslecturesdua.blogspot.ca/p/lectures.html http://leslecturesdua.blogspot.ca/p/lectures.html

mardi 26 janvier 2016

Le Québec... pour vrai !

Je reviens aujourd'hui sur ce billet au sein duquel je parlais du « vrai » Québec, ou pour le moins de ce que je crois/croyais en connaître. Car, le Québec est loin d'avoir livré tous ses secrets comme ma journée d'hier me l'a rappelé.

Ainsi donc, en matinée, je décidais de regarder le film documentaire  
« L'empreinte ».


Un très beau film dans lequel on tente de tisser des liens entre le Québec d'aujourd'hui et l'héritage indien, de reconnaître dans chaque domaine de la société actuelle les enseignements autochtones, de (re)trouver des racines... qui comme toutes les racines sont fragiles, mais porteuses de développement à venir, de force en devenir.

De ce visionnement, je retenais la complexité de définir une identité, mais surtout une phrase de Nicole O'Bomsawin qui invite le peuple québécois à « revivre la première rencontre ». Oui, c'est en effet ce qu'il faut ou faudrait faire, mais est-ce seulement possible ? Peut-on revivre une première fois ?

Toute à mes réflexions et puisque ma journée se déroulait sous le thème de la  première fois, j'ajoutais à mon horaire la lecture du premier roman d'Érika Soucy Les murailles afin d'en parler dans l'un des prochains numéros de La Recrue du Mois.     

Je l'ai commencé et je l'ai terminé dans le même souffle et... ce fut un véritable choc. Par le récit lui-même et par les liens avec mon visionnement du matin.

Il est question ici d'une jeune femme qui part dans le Nord sur un chantier d'Hydro. Elle a deux objectifs : rassembler des observations pour un futur livre (celui que nous lisons) et passer du temps avec son père afin de mieux le comprendre, de tenter de savoir pourquoi il était si important pour lui de toujours revenir ici, dans le Nord. 

Joséphine Bacon m'expliquait le matin même dans le film que ce qui avait séduit les blancs dans le mode de vie des indiens, c'était la liberté. À tous les niveaux. 


Érika Soucy me dit en fin d'après-midi, en conclusion de son récit : « ... faut que je l’avoue : j’ai pas envie de m’en aller. Je commence à peine à prendre le beat, à goûter au plaisir d’être à l’abri, loin des nouvelles, du ménage, des comptes à payer… ». 

À travers ces quelques mots, mais aussi au fil des journées en plein-air, proche de la montagne, dans des conditions de vie rudes mais vraies, les travailleurs du nord et les indiens se ressemblent, hommes des grands espaces, des bonheurs simples et de la vie en communauté.

Et pourtant, deux revers d'une même médaille, ils ne s'accordent pas nécessairement. Des mots durs sont prononcés : 

« combien d’hommes il y a sur le chantier, combien pas grand’ femmes en comparaison, combien je risque de me faire dire que je suis pas laitte juste parce que je suis pas « une grosse Indienne »… » (page 17)

« Où c’qu’y’a des plumes, y’a du vol ! »
« Promène-toé pas tu-seule, soir de pow wow. »
« Y prennent une biére pis la face leu’ change. »
« Des plans pour s’faire tuer. » (page 60)

Et le même Roy Dupuis qui le matin se faisait fil conducteur de « L'empreinte » et représentant des québécois en prend pour son grade : « Roy Dupuis, c’est un crisse de menteur. C’est un parvenu qui sait pas de quoi il parle, parce que de la truite, il y en a pas d’avance dans la rivière à cette hauteur-citte. »

Finalement, que sais-je ? Peu de choses. Qu'ai-je réellement vécu sur quoi je puisse appuyer mes choix véritablement ? Pas grand chose. 

Pour le reste de la journée, je n'ai entendu que des « Ça va ? T'es où là ? T'es correc ? T'es toute bizarre. »

Ouin, je me suis endormie tard hier et je n'étais finalement certaine que d'une chose : peu importe la philosophie, peu importe les idées, seuls comptent les hommes, chacun des hommes. Plus que jamais, je sais que les étiquettes sont à proscrire; indien ou pas, québécois ou pas, regarde l'homme qui est face à toi et laisse-lui la chance de t'éblouir.

Ne plus trop penser, juste écouter son coeur. Vivre et expérimenter plutôt que réfléchir et analyser. 

Je sais que je ne viens pas de révolutionner la planète en écrivant ce billet, c'est certain, mais parfois il est bon de revenir à l'essentiel. Remettre les compteurs à zéro.
    
 
****************************************************************
Oui,il y a de belles couleurs en automne;
Oui, l'on mange du savoureux sirop d'érable; 
Oui, les noëls sont blancs et les hivers majestueux;

Mais, le Québec... c'est tellement plus que tout cela ! 

Non, ce n'est pas non plus un eldorado (ça se saurait depuis le temps ! :-) Nous avons aussi nos fléaux ), mais quel pays vivant, quel pays pétri d'idéaux, quel pays touchant par sa volonté de croire encore et toujours à la possibilité d'un monde meilleur, d'une vie simplement pacifique. 

C'est de ce Québec-là dont il est question ici aujourd'hui.

Tout d'abord avec Félix Leclerc, son fervent ambassadeur dont je viens de lire un deuxième livre : « Le hamac dans les voiles ».




Le premier avait été il y a quelques temps « Pieds nus dans l'aube » et je l'avais adoré.
Ici, j'ai retrouvé les mêmes mots intenses et cette poésie propre à l'auteur que j'ai envie de qualifier de mélancolique. Tout est là, les petites choses de la vie, la nature, l'émerveillement, l'humanité. C'est bien lui.

Cependant, la plupart des textes ici sont des fables dans la veine de celles de Jean de la Fontaine, prenant des animaux pour personnages afin d'évoquer des thèmes sensibles et de dénoncer certains comportements, certaines opinions.
Au fil des 12 textes sélectionnés pour ce recueil, il est question de la mort, du deuil, de la dignité, du jugement d'autrui, du handicap, entre autres sujets traités subtilement et avec sincérité.


Photographe Antoine Désilets

Comme dans toutes fables, l'on trouve ici une morale associée à chacune des histoires et, pour moi, ce point là est venu faire ombrage à la plume de Félix Leclerc. En effet, du temps s'est écoulé depuis la rédaction de ces nouvelles en 1951, la société a connu de profondes mutations et ces quelques récits possèdent donc une saveur un peu rétrograde pour la lectrice dans la quarantaine que je suis. Certains lecteurs un peu plus âgés y trouveront peut-être plutôt une forme de nostalgie, quant aux plus jeunes, je crois que je leur suggèrerais de faire connaissance avec Félix Leclerc à travers une autre de ses oeuvres.

Malgré cet aspect qui est très légèrement venu ternir mon plaisir, j'ai retrouvé à plusieurs reprises le regard tendre et pur du poète sur le monde qui l'entoure, ses mots qui viennent nous frapper en plein coeur l'air de rien, simplement en passant comme une petite brise, soulevant sur leur passage questions et réflexions.

Lire « Un hamac dans les voiles », c'est mettre notre propre quotidien entre parenthèses pour redécouvrir la vie à la manière de Félix Leclerc, de façon lucide car la vie peut, certes, être très rude, mais également avec cette tendresse infinie que l'on pense être propre au monde des enfants, mais que certains adultes conservent en eux toute leur vie et qui fait d'eux des êtres immortels.

Cette lecture est commune avec Lyria/Kidae. Allons lire son avis !



Mais, le Québec, c'est aussi Paul. Je profite de la sortie ces jours-ci de l'adaptation cinématographique de cette bande-dessinée tellement tellement tellement réaliste et donnant à voir tous ces petits détails qui font le VRAI Québec pour vous dire de nouveau à quel point il est essentiel de la lire si l'on veut pouvoir se glisser dans l'intimité d'un peuple sensible dont il ne faut pas avoir peur de soulever le gros manteau d'hiver pour découvrir en dessous une chaleureuse tendresse.  

Bienvenue dans la Belle Province !



dimanche 17 janvier 2016

Encore plus de dialogues avec la mer

Je reviens aujourd'hui sur cet article (publié il y a déjà quelques temps) pour y ajouter un titre :

Ce livre m'a bouleversée au point de ne pas avoir pu en parler dans notre webzine La Recrue. Heureusement, mon collaborateur Julien Hivon a su trouver les mots pour exprimer l'intensité de ce court roman que j'ai envie de qualifier de magistral.
Quelques mois sont passés et voici finalement un court texte pour exprimer bien maladroitement l'intensité avec laquelle les mots de Sylvie Drapeau me sont parvenus.

70 pages sans respirer.
70 pages en apnée, plongée dans les eaux du fleuve qui n’obéissent qu’à elles-mêmes.
70 pages dans la vie d’une famille québécoise transformée en statues de sel.
70 pages qui ont changé le cours de la vie d’une enfant de 5 ans.
70 pages d’une prière à un grand frère.
70 pages dont l’intensité bouleverse.
Émotion.
Sylvie Drapeau vient d’entrer en scène littéraire.

***************************************************************************

Ces derniers temps, la mer a fait son apparition dans mes lectures et donc dans ma vie. Soyons clairs, je n'ai jamais mis le pied sur un bateau. J'ai cependant souvent été voir la mer, l'océan. Souvent je me suis assise pour la contempler. Souvent j'ai senti le vent sur mon visage et le sable sous mes pieds. Beaucoup diront que je ne connais donc pas la mer puisque je ne l'ai jamais parcourue. Je leur répondrai simplement que pour moi le mystère qui continue d'entourer celle qui me fascine de plus en plus contribue à mes yeux à faire de celle-ci un merveilleux moyen d'évasion. Dès que la mer est présente dans un livre, je bénéficie donc d'une double porte vers des moments d'une rare intensité loin des rivages du quotidien : lecture et mer forment un merveilleux duo que je souhaite vous faire entendre ici.


http://austintoutvabien.overblog.com/2014/12/portrait-joanne-rochette-2-lectures.html 

http://austintoutvabien.overblog.com/2015/07/l-iguane-de-denis-theriault.html


http://larecrue.net/2014/08/guano/